Après le boulot

Qui ose dire que la curiosité est un vilain défaut ?
Il était prés de 22heures, Lucas venait de rentrée des écuries après avoir jeter un œil dans le boxe de tous les chevaux du ranch, juste pour s’assurer que tout allait bien. Après cette rapide vérification le palefrenier en chef prit la route du bâtiment d’accueil suivis docilement par son petit chien Domino ; celui-ci découvrait encore son nouveau lieu de vie et ne perdait jamais l’occasion de poser son nez où il ne fallait pas. Court exemple, dans la journée notre ami à quatre pattes eut la bonne idée de venir sentir un cactus, un petit arbre tout à fait charmant à première vu mais l’animal étant d’origine Française n’avait jamais vu un végétaux de la sorte, curieux il s’en approcha un peu trop vite mais surtout trop prêt, je vous laisse imaginer la suite …
Et ce soir là, après avoir passer le seuil de la porte, la boule de poil n’avait pas besoin d’un invitation pour se diriger vers la cuisine sous l’œil rieur de son maître.

« Tu vas encore finir par glisser si tu cours si vite et attention … Aie … ! »

Trop tard le beau petit Jack Russel venait de se prendre le coin de la porte en pleine truffe, bon au moins ça lui apprendra à faire doucement la prochaine fois. Lucas s’approcha rapidement de son compagnon lui adressant une petite caresse, sans perdre une miette de son sourire. Regardant son chien, le palefrenier sourit encore plus, rêveur, accroupis dans le couloir, il adorait ce chien, la première fois qu’il l’avait vu : une coup de foudre !
Se relevant avec énergie, ils entrèrent dans la cuisine vide à cette heure-ci bien sur, cherchant un bol il le posa sur le plan de travail, ouvrant le frigo sous l’œil très intéressé de la boule de poil qui ne tarda pas à s’approcher lui aussi pour voir s’il n’y avait quelques chose à voler …

« Pire qu’une femme, tu peux pas attendre deux minutes. Aller file de là crapule ! »

Lucas le poussa délicatement avec son pied refermant la porte blanche sur l’instant, dans la main, du jambon, du fromage, du beurre et de la salade. Déposant le tout en hauteur loin des dents de l’éventuel petit chipeur, il chercha dans un placard les croquettes pour chien, et en remplit la moitié du bol. Le déposant devant Domino qui commença son repas. Le palefrenier quand à lui se prépara alors son sandwich qui sera son repas du soir, après l’avoir soigneusement confectionné, il prit le tout et étant seul il alla s’assoire sur la table.
C’est alors que la porte en bois commença à s’ouvrir …

La jeune Julia qui s'était accordé un moment de répit dans cette journée remplie de problèmes, elle avait décidé soudainement de visiter les logements qui n'étaient pas si loin. Curieuse comme tout, elle se rapprochait de plus en plus des habitations, contemplait le bâtiment de loin et de toute sa splendide couleur. Elle était d'humeur admirative, mais cette fois, pas envers les chevaux!
Ses superbes cheveux lisses volaient dans le vent, et se faisaient entrainés dans une dans interminable. Ses yeux se crispaient car le vent qui soufflaient assez fort était placé face à elle, comme si il lui interdisait l'accès à ce bâtiment. Mais la curiosité, et son caractère ne l'empêcha pas d'avancer. Elle progressait jusqu'à entrer dans le hall, les cheveux ébouriffés.
Comme elle l'avait décidée, elle s'avança prudemment d'une porte entrouverte. Elle l'ouvrit doucement, et dans un noir complet, elle alluma la lumière, tout en posant une question.

-Il y a quelqu'un?

Personne, évidemment, c'était un placard.
Pfiou, la honte. Juste un balais se mesurait devant elle. Elle claquat la porte, se demandant si elle ne l'avait pas fait trop fort.
Cette fois, elle aperçut une autre porte, mais d'où la lumière sortait pas le dessous. Intriguée, elle se dirigea ainsi devant, et n'eût juste qu'à pousser lentement et sans un bruit la poignée dorée. Sa tête se mit directement sur le côté pour voir qui se tenait dans la salle.
Trop curieuse...mais alors trop... Décevant!

Entendant déjà les pas dans le couloir, le petit chien se tenait face à la porte, observateur sa queue frétillait de gauche à droite. Son maître quand à lui mangeait tranquillement sans faire attention à son compagnon qui préparait méthodiquement la façon dont il allait accueillir l’intrus. Perché sur table en bois de la cuisine Lucas avait un air songeur, certainement un peu nostalgique, cela faisait pas mal d’année qu’il n’était pas revenu au Texas, dans sa tête il était plus Français qu’Américain ; En France il avait appris tellement, sa vie était là bas, ses expérience équestre, ses premiers amours, ses premières conneries que de bon souvenir …
En étant revenu sur les terres de sa petite enfance, il avait voulu tout recommencé, dans ce pays très peu de personne le connaissait, nul ne pouvait le juger sur ce qu’il savait faire et pas faire, son seul handicap dans ce ranch était la monte. Oui le palefrenier en chef ne savait pas monter à la façon Western, du moins poser son derrière sur une selle ça c’était un jeu d’enfant mais pour le reste, il était loin d’être un expert. Qu’importe ce n’était qu’un détail et s’il avait su briller sous une selle anglaise pourquoi pas sous un autre type de selle ?
Domino fixait la porte en se dandinant dans tous les sens.

« Domino tu roules des fesses mon vieux … »

Lui répliqua Lucas avec un petit sourire moqueur, il parlait très bien anglais c’était sa langue maternel après tout mais il avait un accent Français encore très fort, mais sous un sens ça lui donnait un certain charme.
Un instant d’inattention et voilà qu’une jeune femme fit son entrée dans la pièce, le petit Jack Russel n’avait pas perdu une seconde pour s’approcher d’elle, d’un air plus que joyeux, lui tournant autour la queue battante comme s’il la connaissait depuis toujours. Le palefrenier quand a lui se redressa, quittant son perchoir, ses pieds étaient de nouveau sur le sol.

« Bonsoir ! Domino laisse la demoiselle tranquille ! »

Il adressa donc à la jeune femme un petit sourire, parlant avec calme et toujours ce fichu accent qui décidément ne disparaîtra jamais !

Toujours en gardant son air curieux et surpris, Julia se tenait à présent plus derrière cette porte grinçante, mais devant; surtout devant un homme et son chien. C'est alors qu'elle se rendit compte de l'intrusion qu'elle venait de faire dans cette cuisine. Que faisait-elle ici? Rencontrer du monde? Sûrement car pour faire autant de boucan, ou crier s'il y avait quelqu'un, on se demande ce qu'elle pourrait bien faire d'autres! Soudain, elle devint affreusement confuse, et ses mots n'arrivèrent pas à sortir de sa bouche, comme s'il restaient coincés au fond de sa george. Elle bougeait ses lèvres, ou plutôt les faisait un petit peu vibrer, mais ne laissait sortir aucun son. Elle se reprit alors pour laisser place à une phrase cette fois-ci.

-Désolé, je dérange?

Sur ces paroles, elle caressa le petit chien qui n'arrêtait pas de grimper sur ses jambes avec enthousiasme, comme pour le calmer ou lui montrer qu'elle l'avait bien vu.

-Très mignon votre chien, peut-être un peu affolé par mon intrusion.

Elle se baissa pour le laisser monter sur ses jambes, et essayer de la léchée, mais ce qu'elle ne laissa pas faire. Elle adorait les chiens, mais ne voulait sûrement pas qu'il la lèche au visage. Pourtant, elle continuait de le caresser comme si de rien n'était, dans le sens de son poil. Puis elle se releva en douceur, lentement, laissant ses cheveux lisses se remettre en place tout seuls. Ses yeux pétillaient, elle avait repris sa conscience et était maintenant naturelle, et ne bafouillait plus comme au début.
Elle sourit alors à l'homme qui se tenait devant elle, laissant un peu de côté le chien pour plus s'intéresser à son maître, ou plutôt mieux le connaitre.
Elle détailla comment il était habillé, puis lui posa une question.

-Vous faites quoi par ici?

Elle avait posé cette question sans soucis, mais à vrai dire, cela aurait été plutôt à lui de lui demander ça...